Publié le 10 octobre 2013
Le constat est simple: la demande de maïs explose en France et dans le monde. Et l’offre de semences peine à suivre, faute de producteurs. « Cette forte tension sur le marché devrait perdurer encore plusieurs années », estime Jérôme Dal, Président du Syndicat des Multiplicateurs de Semences de Maïs du Midi Toulousain. « Il n’y a donc pas de meilleur moment pour se lancer dans cette production. »
Doublement des surfaces
Les annonces se suivent et se ressemblent. Pour développer son unité de Trèbes, le semencier Monsanto veut doubler sa collecte de maïs semence, soit 1.000 ha de plus. De son côté, Pioneer chercherait 2.000 ha sous contrat pour se développer dans la région. « Tous les signaux vont dans le même sens », insiste Jérôme Dal. « La production semencière a le vent en poupe chez nous. » De fait, le Sud-Ouest a pour lui de nombreux atouts. Outre un climat favorable, la technicité de ses producteurs contribue également à l’attractivité de ses surfaces. La régularité des résultats techniques, en termes de bassin, est en effet un point crucial dans l’élaboration des plans de production des différents obtenteurs. Ajoutez à cela une position géographique stratégique, avec des ports maritimes à proximité, et on comprend pourquoi les plus grands groupes semenciers y ont développé un important tissu industriel, avec environ une dizaine d’usines dans la grande région. « La zone du Syndicat Midi Toulousain fait l’objet de toute l’attention des obtenteurs, qui cherchent à développer des outils industriels dans le bassin Adour-Garonne », précise Jérôme Dal. « Il y a deux territoires à fort potentiel en Haute-Garonne. L’un est à conquérir. Il s’agit de la zone maïssicole de la vallée de la Garonne jusqu’aux portes du Comminges. L’autre est à reconquérir… Le Lauragais avec ses lacs collinaires et ses structures liées au canal du midi fut une zone semencière jusque dans les années 90, avant que la culture ne perde son attractivité. »
« Des hommes plutôt que des hectares… »
Les surfaces travaillées par les adhérents du Syndicat des Multiplicateurs de Semences de Maïs représentent actuellement 1.900 ha. D’après les informations dont ils disposent sur les futures offres de contrats, il y aura sous peu la possibilité de doubler cette surface. Les opportunités à saisir sont donc réelles pour les agriculteurs de Haute-Garonne. « On se retrouve confronté à deux situations », explique Guy Méric, animateur du syndicat. « D’une part, l’augmentation de la demande de semences de maïs et, d’autre part, le renouvellement des producteurs qui peut très vite devenir un problème si la relève tarde à arriver. » Pour son Président, il y a donc urgence à se positionner. « Cette production peut convenir à un large public », ajoute-t-il. « Ce peuvent être des exploitations de taille modeste qui souhaitent mieux valoriser leur surface, des jeunes qui s’installent, des éleveurs en cessation laitière, des agriculteurs qui veulent diversifier leur activité sans s’agrandir ou optimiser leur irrigation… Mais le tout est de s’engager sur la durée, sans nécessairement ne faire que du maïs. Cette culture peut très bien être combinée à d’autres productions semencières. Il ne faut pas oublier que les obtenteurs ont souvent plusieurs cultures. Nous ne recherchons donc pas seulement des surfaces, mais aussi des exploitants qui deviendront des semenciers. Nous voulons des hommes plutôt que des hectares. »
Débouchés et sécurité…
« La campagne 2013 sera ma 5ème en récolte de maïs semence », explique-t-il. « J’ai commencé avec 4 ha de maïs fertile et 10 ha de stérile. Puis je suis passé à 13 ha de fertile pour arriver à 25 ha actuellement, auxquels s’ajoutent 25 ha de colza semence. La production de maïs semence répondait à plusieurs de mes attentes. D’un point de vue agronomique, sa récolte précoce permet de mieux pratiquer mes rotations. Économiquement, les débouchés sont assurés et le niveau de marge est supérieur au maïs consommation pour une même consommation d’eau. Mais la culture est surtout sécurisée. La filière a mis en place des mécanismes d’amortissement des fluctuations de prix. Si on connaît une année difficile, soit pour incident technique, soit par des cours de marché en chute ou encore pour des raisons climatiques, un système combinant prix plancher et caisse de péréquation permet de remonter son résultat économique. C’est donc une production où même en cas de coup dur, on couvre au moins ses frais. C’est un exemple concret de ce que doit être une contractualisation. »
… pour un investissement raisonnable
Même si elle nécessite un investissement humain et matériel, la culture de maïs semence reste une production abordable. Ainsi, pour ses débuts, Nicolas Mauré a emprunté la castreuse d’un voisin, une fois que celui-ci avait terminé ses travaux. Très vite, il a décidé de s’équiper de son propre matériel. « Ce n’est pas pour autant un investissement énorme », confie-t-il. « J’ai racheté un castreuse d’occasion à un producteur du syndicat du maïs semences. Elle avait 6 ans à l’époque et je l’utilise toujours… Pour le reste de l’équipement, j’ai juste eu à adapter mes outils de grandes cultures. » Mais d’autres solutions existent. Les obtenteurs ou des coopératives proposent ainsi des aides au financement de matériel. De même, certains postes, comme l’effeuillage, peuvent être confiés aux obtenteurs ou réalisés en CUMA ou à la coopérative. « C’est à chacun de mettre le curseur où il veut », résume Nicolas Mauré. « Mais il faut répéter que l’accompagnement se fait à tous les niveaux. Même la gestion de main d’œuvre pour la castration, qui est la principale contrainte de cette production, a été facilitée par un service internet simple et très bien fait, réalisé par la MSA. »
L’atout « Accompagnement »
C’est le dernier point fort que l’exploitant voit dans cette production. « Le conseil technique du syndicat des Multiplicateurs de Semences de Maïs et de ma coopérative est vraiment de très haut niveau », assure-t-il. « On a tout le soutien nécessaire pour atteindre ses objectifs de production, ce qui rend cette culture intéressante et permet de progresser. Et j’ai aussi redécouvert le plaisir de discuter technique avec des collègues semenciers. On se passe des informations ou des astuces et il y a une véritable dynamique de production, à mon sens idéale quand on débute. » Bref, Nicolas Mauré est un convaincu. Pour lui, la baisse annoncée des soutiens PAC, les perspectives d’aujourd’hui et les moyens mis à la disposition des producteurs sont autant de signaux favorables pour se lancer dans la production du maïs semences. « L’organisation de la filière a grandement facilité le démarrage de mon projet », conclut-il. « S’il faut y aller, c’est maintenant. »
Propos recueillis par S.G.