La solidarité tourne à plein régime

Publié le 14 août 2013

Branle-bas de combat à la sortie de Mane ! Ce 8 août au matin, un groupe d’éleveurs s’active autour d’une dizaine de tracteurs. Objectif : charger avant midi les 450 bottes de foin stockées sur la parcelle depuis la veille et partir après le repas les acheminer à St Gaudens et St Béat. C’est la plus importante des opérations de solidarité menées pour venir en aide aux éleveurs sinistrés par les inondations des 17 et 18 juin derniers.

Organiser l’entraide

« La solidarité est vraiment venue de partout », se félicite Yves Salles, Président de la Fédération des ACVA du Comminges. « Des propositions de dons de foin sont arrivées de Haute-Garonne et des départements limitrophes, mais également de Vendée, du Limousin, de la Creuse, etc. Nous avons tous été très touchés par ces soutiens, même si nous avons dû refuser les offres les plus éloignées à cause des coûts trop élevés pour les rapatrier jusqu’à chez nous. » Financer les transports de fourrages sont bien, avec leur planification, un des problèmes majeurs pour toute opération de solidarité. C’est précisément cette mission qui a été confiée à la Fédération des ACVA du Comminges. « Le Conseil Régional a accordé une subvention de 100.000 € pour financer ces transports de fourrage », explique Adeline Izard, responsable de l’antenne Chambre d’Agriculture du Comminges. « La Fédération des ACVA étant une structure sans salariés propres, la Chambre d’Agriculture de Haute-Garonne a alors mis du personnel à disposition pour organiser l’opération. Elle a aussi avancé 25.000 € pour faire face aux premières dépenses, le temps que les fonds du Conseil Régional soient débloqués. » Tout est allé ensuite relativement vite. Le premier travail consistait à recenser les besoins, en termes de fourrages, des éleveurs touchés. Ils ont été estimés à 2.300 tonnes de foin sur les cantons de St Béat, St Gaudens, Luchon, Montréjeau et Barbazan. Restait ensuite à centraliser les promesses de dons et mettre en place la logistique d’acheminement. Il a fallu à peine un mois environ pour commencer les premières livraisons. Comme il était difficile de juger « à chaud » les besoins réels, la Fédération des ACVA fera un autre point vers le 20 août pour estimer les besoins non pourvus et ajuster les volumes de fourrages nécessaires.

Solidarité à tous les étages

« Depuis le 18 juillet, il y a eu 63 transports de foin », indique Alexandre Forel, conseiller agricole de Luchon. « Cela représente environ 3.000 bottes. Il y a eu plusieurs trajets réalisés par des agriculteurs bénévoles, mais pour la majorité des livraisons, nous avons dû faire appel à des transporteurs privés. Par exemple, pour le canton de Salies, trois entreprises locales travaillent avec l’ACVA depuis le début de l’opération*. Elles ont vraiment joué le jeu en adaptant leurs tarifs et mettant un maximum de camions à disposition. Chacune d’elle a également effectué un transport gratuit. » Du côté des éleveurs, la solidarité a joué à plein également. Venues des ACVA de 20 cantons du département**, mais aussi du Gers, de l’Aude, du Tarn et de l’Ariège, ce sont près de 1.700 tonnes de foin qui ont été promises dans les semaines qui ont suivi et dont une bonne partie a déjà été acheminée.

« Avec l’opération d’aujourd’hui, nous aurons couvert les besoins de Luchon et St Béat », se félicite Patrick Pintat, Président de l’ACVA de Salies. Il faut dire que le convoi de ce 8 août était plutôt impressionnant. 450 bottes réparties sur 11 tracteurs allaient compléter un autre convoi de 350 boules de foin expédiées la veille par l’ACVA d’Aspet. « Cela représente les dons de 60 éleveurs pour le canton de Salies et 50 pour celui d’Aspet, sans compter la mise à disposition des tracteurs, chargeurs et plateaux », précise Charline Bouchet, conseillère agricole de ces deux cantons. « À ce sujet, il faut signaler le geste de deux fournisseurs de fioul. Sollicités par les agriculteurs locaux, Alvéa et Molina ont donné du carburant aux deux ACVA, en nature et bons d’achat que nous allons répartir entre tous ceux qui ont engagé des tracteurs dans l’opération. »

Ce midi-là, à Mane, les chargeurs télescopiques ont fini leur ballet vers 13 heures. Les éleveurs, souvent rejoints par leurs femmes et enfants, finissent de sangler les bottes sur les plateaux. Le temps d’une photo de famille, d’un pique-nique avalé sur le pouce dans une ambiance bon enfant, et le convoi démarre direction St Gaudens. Devant ce défilé de tracteurs accompagné par deux véhicules de police, Cédric Daure, éleveur durement touché par le sinistre, ne peut que déclarer : « Il faut vraiment leur dire merci à tous, même ceux dont on n’a pas pu prendre les dons. Ces gestes, même les plus simples, sont un vrai réconfort et nous rappellent qu’on n’est pas seuls. »