Un projet agroforestier sur votre exploitation ?

Publié le 15 avril 2013

L’agroforesterie est une technique consistant à associer, sur une même parcelle, une production agricole (culture ou pâturage) à une production d’arbres. L’association Arbres et Paysages d’Autan est reconnue comme opérateur technique en Haute-Garonne et assure la maîtrise d’œuvre pour la réalisation de ces plantations. Vous entendez parler d’agroforesterie depuis quelques temps, mais vous ne rencontrez pas de parcelles agroforestières dans le paysage au gré de vos balades ? Patience, les choses avancent ! Des aides financières à l’installation de premières parcelles agroforestières existent en Haute-Garonne, grâce à des fonds européens, régionaux et départementaux selon les projets. Ces aides financières rentrent dans le cadre de la mesure 222 du Programme de Développement Rural Hexagonal (PDRH) et des Fonds Régionaux Carbone de la Région Midi-Pyrénées. Cette aide à la mise en place de parcelles agroforestières s’élève de 70% à 80% selon la zone géographique de l’exploitation.

Du nouveau dans les financements !

Certains projets ne satisfont pas les conditions d’éligibilité de la mesure 222 du PDRH et des Fonds Régionaux Carbone de la Région Midi-Pyrénées. Ils ne peuvent donc pas être soutenus financièrement : projets concernant la plantation de fruitiers greffés, conduite des arbres en têtards, choix d’arbres hors liste de l’arrêté, propriétaires non agriculteur… De récentes mesures privées permettent de soutenir ces projets : financement des têtards par la fondation GoodPlanet, ou par des entreprises dans le cadre de la compensation carbone. De plus, pour les projets agroforestiers se réalisant dans des périmètres des Plans d’Action Territoriaux (PAT) concernant des zones de captage d’eau potable, un complément de financement de l’Agence de l’eau Adour-Garonne est possible.

Faire connaître l’agroforesterie avec des actions de sensibilisation financées

L’Association Française d’AgroForesterie (AFAF) est subventionnée jusqu’à fin 2013 pour animer un programme d’accompagnement à cette technique en Midi-Pyrénées. Elle s’appuie sur les opérateurs départementaux, dont Arbres et Paysages d’Autan, pour proposer différentes actions de sensibilisation : projection-débat, conférence, publication dans la presse « grand public » et agricole, organisation de sessions d’information… N’hésitez pas à faire connaître votre intérêt pour l’agroforesterie, nous pouvons organiser une journée technique ou une projection-débat sur votre territoire.

Opérateur technique de l’arbre et de la haie champêtre en Haute-Garonne, l’association « Arbres et Paysages d’Autan » vous accompagne et vous conseille dans votre projet. Elle a déjà participé à la mise en place de plusieurs parcelles agroforestières dans le département.

Communiqué Arbres et Paysages d’Autan

Témoignage

Un projet d’agroforesterie dès l’installation

François Cruvellier est technicien spécialisé en bio à CAPLA. S’il a découvert l’agroforesterie avant d’arriver dans la coopérative ariégeoise, il a toujours gardé en mémoire le principe et l’esprit de cette production à part. Aussi, quand il commence à penser à s’installer en production ovine bio sur la petite exploitation familiale de Montesquieu-Volvestre, c’est tout logiquement qu’il décide d’intégrer une parcelle agroforestière à son futur projet.

Un impact agronomique indéniable

« J’ai toujours eu dans l’idée de m’installer un jour ou l’autre et je voulais développer un système de production qui soit respectueux de l’environnement et de la biodiversité », explique François Cruvellier. « J’ai découvert l’agroforesterie il y a 5 ans et, en creusant un peu le sujet, j’avais trouvé que ce principe tenait plutôt bien la route. Comme à cette époque, j’étais en recherche d’emploi, j’en ai profité pour suivre des formations courtes sur ce thème. J’ai ainsi rencontré quelques pointures en la matière comme Alain Canet, directeur d’Arbre et Paysage 32, et Gilles Domenech, le fondateur de Terre en Sève, une société basée dans le Gers, à Ordan-Larroque, spécialisée dans la formation agricole sur le BRF*, l’agriculture de conservation, l’agroforesterie… » Très porté sur la technique agronomique, François Cruvellier entrevoit très vite le potentiel de l’agroforesterie. Surtout dans une parcelle céréalière, une production qu’il affectionne particulièrement, même si sa future exploitation sera à dominante élevage. « Sur les bandes d’arbres, les légumineuses plantées entre chaque pied, sur une largeur de 2 mètres, assureront un refuge pour les insectes pollinisateurs utiles pour la fécondation de certaines cultures, comme le colza, la féverole, le pois ou le sarrasin », estime-t-il. « Elles pourraient même servir de refuge aux carabes, qui sont des insectes prédateurs des œufs de limaces, même si j’attends de vérifier l’efficacité réelle sur ce dernier point. » Quant au rôle des arbres dans une parcelle de céréales, François y voit plusieurs intérêts agronomiques sur la structure et la composition des sols. La chute de feuilles apporte ainsi un complément de matières organiques. Le système racinaire des arbres joue un rôle d’aération du sol. « Les études menées montrent que de chaque racine maitresse, poussent des radicelles qui explorent le sol », poursuit François Cruvellier. « Chaque année, quand elles se dégradent, ces radicelles laissent ainsi des espaces libres qui assurent un meilleur enracinement aux cultures céréalières, tout en fournissant de quoi manger aux micro-organismes de par leur décomposition. Enfin, à chaque taille annuelle des arbres, les déchets seront transformés en BRF et épandus au sol, pour en maintenir l’humidité. Mon objectif est d’augmenter la matière organique et d’obtenir un sol plus vivant. Il en résulte une meilleure résistance à la sécheresse et des cultures qui ont besoin de moins d’intrants extérieurs. »

Des paroles aux actes…

Restait à passer à l’action. À 26 ans, François Cruvellier envisage une installation en pluri-activité dans les 5 prochaines années. « Ma compagne devrait, elle, s’installer à titre principal sur les 28 ha, dont 21 de SAU, dont dispose l’exploitation de ses parents », précise-t-il. Mais pas question pour autant de perdre du temps sur le projet agroforesterie. François contacte alors Arbres et Paysages d’Autan (voir ci-dessus) pour solliciter un accompagnement pour planter une parcelle de 4,5 ha. « D’une part, c’était la parcelle qui se prêtait le mieux à une culture céréalière », ajoute François. « Mais d’autre part, j’étais aussi limité financièrement. Si les subventions peuvent aller jusqu’à 80%, il faut tout de même avancer les fonds et je ne disposais pas d’assez de réserves pour faire plus. » Pour un budget total de 3.000 € environ, François Cruvellier a planté 201 arbres en bandes espacées de 20 mètres. Avec l’aide de membres de la famille et de 4 voisins, l’opération a pris une bonne journée. Mais le plus gros du travail se situait en amont avec, pour commencer, un décompactage de toute la parcelle. Mais c’est le calcul des écartements et de l’orientation des bandes qui a été le plus délicat. « L’idéal est de planter les rangées sur un axe nord-sud », explique-il. « De façon à ce que les cultures sous les arbres reçoivent suffisamment de lumière. Chez nous, le souci était que la parcelle elle-même est orientée nord-sud. En respectant cette règle, nos rangées se seraient retrouvées dans le sens de la pente, ce qui annulait tous les avantages des arbres en termes de frein au ruissellement et à l’érosion des sols. Il a donc fallu planter en biais de la pente principale de la parcelle et trouver le meilleur rapport lumière/ruissellement. » François Cruvellier a choisi une dizaine d’espèces d’arbres différentes* pour son projet, parmi la liste des essences éligibles au financement. Arbres et Paysages d’Autan fournit les plants et le matériel de protection, ainsi que l’assistance technique et la formation à la conduite et l’entretien des arbres pendant 3 ans.

Aujourd’hui, la parcelle semée en orge bio est travaillée en techniques culturales simplifiées. Chose importante, en dessous d’une densité de 50 arbres par ha, les aides PAC sont maintenues. « Je ne peux que conseiller de multiplier les visites d’autres projets d’agroforesterie », conclut François Cruvellier. « Il y a plein d’astuces à récolter chez les uns et les autres. C’est d’autant plus important qu’on est sur des projets à long terme et qu’il est quasiment impossible de revenir en arrière. Ce serait dommage, au bout de 5 ou 10 ans, de regretter tel ou tel choix technique parce qu’on s’est mal renseigné auparavant. Par exemple, on m’a conseillé de replier le haut du grillage de protection vers l’extérieur, pendant la croissance de l’arbre. Sinon, le métal griffe l’écorce, permet l’entrée d’agents pathogènes qui peuvent endommager le bois et peut conduire à un déclassement quand il sera vendu en menuiserie… dans une trentaine d’années. »

Propos recueillis par S.G.

* Bois Raméal Fragmenté : mélange non-composté de résidus de broyage de rameaux de bois. C’est aussi une technique culturale agricole (imaginée au Canada) qui cherche à recréer, par l’introduction du broyat dans la couche supérieure du sol ou en paillis, un sol aéré et riche en micro-organismes, comme on en trouve souvent en forêt.
** Chêne (pédonculé, vert et pubescent), alisier torminal, frêne (commun et oxyphylle), tilleul à petites feuilles, cormier, érable champêtre et merisier

Auteur de l’article : Sébastien Garcia