Publié le 22 juin 2012
Ce n’est pas sans une certaine appréhension que Joël Gabarrot, céréalier à Bragayrac (canton de Saint Lys), attendait l’inspecteur qui allait contrôler, le 12 juin dernier, son pulvérisateur âgé de 7 ans. « Je sais que j’entretiens bien mon matériel », confiait-il, « mais on ne sait jamais, avec tout ce qu’il y a comme réglementation, si on a pensé à tout. » Pourtant, l’agriculteur allait très vite se détendre. Dès les premières minutes, Frédéric Herbaux, responsable de la société Green Contrôle, s’attachait à le mettre à l’aise, avec un contrôle qui tenait plus de la pédagogie que d’une visite d’huissier.
Inspection « participative »
« Je ne suis pas là pour planter les gens », déclare d’emblée Frédéric Herbaux. « Certes, c’est un contrôle d’État avec tout ce que ça impose de rigueur et d’impartialité, pour lequel je dois disposer d’un certificat signé du préfet de région. Mais si je travaille étroite collaboration avec Brigitte Calimez et Bernard Huntz, de la Chambre d’Agriculture, dans le cadre de l’opération « Contrôle Pulvé 31 », c’est pour faire de cette obligation un atout pour l’agriculteur. » L’idée peut sembler un brin provocatrice. Pourtant, au bout d’une heure passée avec le contrôleur, Joël Gabarrot se surprend à apprécier la visite. « J’ai appris pas mal de choses aujourd’hui », reconnaît-il. « Comme l’inspecteur m’a fait participer à différentes étapes du contrôle, on a eu largement l’occasion de discuter technique et de mettre le doigt sur les moyens d’améliorer ma pulvérisation. » Une dimension pédagogique et un rôle de conseil qui plaisent particulièrement à Frédéric Herbaux. Pour commencer, il appelle l’agriculteur la veille de son passage, pour lui expliquer comment bien préparer son matériel. « Je lui demande notamment de rincer correctement ses buses avant mon arrivée », explique-t-il. « Ce serait dommage de subir une contre-visite à cause d’une buse bouchée. » Après un contrôle visuel de l’état général du pulvérisateur et une inspection de la cuve, Frédéric Herbaux vérifie les pressions avec ses propres manomètres, rigoureusement étalonnés. C’est pour le contrôle des buses qu’il va mettre Joël Gabarrot à contribution. Une fois celles-ci démontées, tous deux se rendent dans le camion de Green Contrôle pour les passer au banc de test. Pendant que l’inspecteur les soumet une à une au banc, l’exploitant reporte sur le rapport de visite les résultats qui s’affichent sur l’ordinateur.
Un contrôle qui peut faire du bien
« C’est le seul moment où l’agriculteur peut voir concrètement l’état de ses buses », poursuit Frédéric Herbaux. « Le fait de le faire participer lui fait prendre conscience des variations qu’il peut y avoir entre deux buses apparemment identiques. » Ce jour-là, toutes les buses testées affichent des débits situés dans la fourchette de tolérance de +/- 10% du débit de référence du constructeur. Un résultat inférieur à cette référence est le signe d’une buse en voie d’obturation. Au-dessus, c’est le signe d’une usure du matériel. « J’ai appris lors de ce contrôle que même le fait de passer un coup de brosse à dent dessus pouvait endommager la céramique de la buse », commente Joël Gabarrot. « Pourtant, on est nombreux à le faire, voire à en déboucher avec une pointe de couteau… » C’est généralement à ce moment-là que Frédéric Herbaux profite de l’occasion pour faire un rappel sur la pulvérisation. Il insiste sur le contrôle régulier du manomètre, le nettoyage/rinçage systématique des buses après toute utilisation. « Certains de mes clients ont eu des surprises », souligne-t-il. « J’ai récemment contrôlé un agriculteur qui utilisait des buses à engrais liquide pour pulvériser. Il était à 3 litres/minute de débit. 400 l/ha ! Il devra passer en contre-visite, mais en revenant à un débit de 0,8 l/mn, il va faire de sacrées économies par rapport à avant. » Sans aller jusqu’à ce cas extrême, les économies réalisées par un ajustage ou un réglage du pulvérisateur, suite au contrôle, rendent du coup la facture moins douloureuse. « Le contrôle est facturé 200 €, auxquels j’ajoute 25 € de frais de déplacement », ajoute Frédéric Herbaux. « Comme il est valable 5 ans, cela revient à une quarantaine d’euros par an. Or, ce qu’un agriculteur économise avec un pulvé bien réglé représente bien plus que cette dépense. »
N’attendez pas la dernière minute !
Tout s’est donc bien passé pour Joël Gabarrot. Le pulvérisateur porté de 18 m. est bien entretenu, le manomètre est apparemment réglé aux petits oignons par son concessionnaire et les buses ont un taux d’usure de 1,6%, loin des 33% nécessitant une contre-visite. Le contrôle est validé et le pulvérisateur reçoit son autocollant vert, ainsi qu’un numéro d’identifiant. Bon pour le service. Ce qui a plu à l’agriculteur, outre les conseils obtenus, c’est la réalisation du contrôle sur son exploitation. « J’ai essayé de participer à des contrôles groupés sur des sites de coopératives, mais l’organisation a toujours posé problème », précise-t-il. « Résultat, j’étais hors délais et j’aurais pu me faire sanctionner en cas de contrôle par la police de l’eau. Que Frédéric vienne sur place m’a permis de caler facilement le rendez-vous. Je n’ai pas eu à emmener le pluvé par la route et le tout ne m’a pris que 2 heures de temps. Au final, les 25 € de frais de déplacement sont largement amortis. » Ce fonctionnement convient également parfaitement à Frédéric Herbaux. Les contrôles à domicile lui permettent en effet de plus prendre le temps de discuter avec l’agriculteur, sans la pression de ceux qui attendent leur tour lors des sessions de groupe. À condition que les propriétaires n’attendent pas la dernière minute pour prendre rendez-vous. « C’est maintenant qu’il faut en profiter », insiste l’inspecteur. « On est encore en période calme, où l’agriculteur a le temps de faire le contrôle. » Le problème, c’est que beaucoup attendent l’échéance, généralement en fin d’année, pour s’inscrire. Du coup, d’octobre à décembre, le calendrier de Frédéric Herbaux explose. Et s’il n’a pas le temps matériel de réaliser le contrôle, l’exploitant peut se retrouver en infraction, avec risque d’amende et d’immobilisation du pulvérisateur. Ce qui amène Serge Bouscatel, élu Chambre d’Agriculture en charge de ce dossier, à insister : « Si vous êtes concerné par cette obligation, prenez rendez-vous au plus tôt. D’autant plus qu’avec les conseils préalables de Frédéric Herbaux, le contrôle a toutes les chances de bien se passer. « Dans le cadre de Contrôle Pulvé 31, il a tout de même réalisé 40% des contrôles effectués en Haute-Garonne.»