Publié le 2 mars 2012
4 heures du matin, à Mane. Les visages des 27 agriculteurs et agricultrices du canton de l’ACVA de Salies sont encore marqués par la fatigue à la montée dans le bus. Pourtant, la bonne humeur est de mise, ce 23 février. La journée promet en effet d’être belle. Au programme : petit déjeuner au Viaduc de Millau puis visite de 3 exploitations en Lozère. Dont une ayant bénéficié de l’opération Solidarité Foin, menée en octobre dernier par l’ACVA
Un coup de pouce plus que bienvenu
Nos lecteurs s’en souviennent certainement (nous en avions déjà parlé dans nos pages en fin d’année dernière), 70 éleveurs du canton et de la vallée de l’Arbas avaient fait don de près de 200 boules de foin à des agriculteurs lozériens en grande difficulté, suite à la sécheresse. Réparties chez 6 éleveurs dans le secteur du comité de développement de Saint Chély d’Apcher, cela représentait environ 7 tonnes de fourrage chacun. C’est justement chez l’un d’eux que les haut-garonnais ont fait étape dans la matinée. « Suite à l’opération d’octobre, le Conseil d’Administration de l’ACVA a souhaité proposer ce voyage à ceux qui avaient participé au don », explique Patrick Pintat, Président de l’ACVA de Salies. « C’était une façon de leur montrer la portée de leur action, mais aussi de rencontrer des éleveurs d’un autre département et de profiter tous ensemble d’une sortie touristique autant que professionnelle. » Et la visite chez Hervé Orlhac a été, en cela, des plus marquante. Installé en production bovins allaitants à Sainte Colombe de Peyre, dans la zone de la Margeride, Hervé Orlhac et son épouse élèvent 42 UGB, dont 32 vaches allaitantes de race Aubrac) sur 60 ha, dont plus de moitié est en parcours. À 1.100 m d’altitude, les conditions météorologiques obligent les troupeaux à hiverner 6 mois de l’année en bâtiment. « J’ai donc besoin de 90 T de matière sèche pour passer l’hiver », expliquait l’éleveur. « Mais comme la pousse de l’herbe a été très mauvaise au printemps 2011, j’ai dû faire pâturer 7 ha initialement destinés à la récolte. En tout, je n’ai pu produire que 100 balles de foin et 40 d’enrubanné, soit 30 T de matière sèche. » Avec un bilan fourrager déficitaire de 60 T (66% de perte de récolte !), les Orlhac n’ont eu d’autre choix que de diminuer le cheptel et de recourir à de coûteux achats de paille et d’aliments. L’accueil extraordinaire que leur a réservé le couple, malgré la situation plus que précaire de l’exploitation, a profondément touché les visiteurs. À tel point qu’à peine rentrés à Salies, l’idée d’organiser une nouvelle collecte de foin a commencé à faire son chemin. « On ne pensait pas que des collègues en étaient à un stade aussi critique, à côté de chez nous », glissait un des haut-garonnais. « Les 7 T qu’a reçu cet éleveur, par exemple, lui ont donné de l’air pour un mois. Mais on ne sait pas comment il va faire pour passer mars et avril… »
L’autre visage de la Lozère
Autre secteur, autres productions. C’est dans les Cévennes que s’est poursuivi le voyage. Emmanuelle et Jean-Marc Vincent sont producteurs de Pélardon fermier depuis 25 ans sur la commune de Saint-Étienne du Valdonnez. L’AOC Pélardon des Cévennes est un fromage à pâte molle, au lait cru de chèvre, obtenu par coagulation lente, essentiellement lactique. Une centaine de chèvres évolue sur les 40 ha de prairies du couple, afin de produire le lait qui donne naissance à leur fromage, primé de nombreuse fois au concours général agricole. Dans ce secteur plus arrosé que la Margeride, les Vincent ont réussi à mettre en place une production de qualité qui permet de faire vivre 4 personnes (3,5 ETP, plus exactement).
Du lait de chèvre au lait de vache, il n’y a qu’un pas. La dernière visite a eu lieu sur la même commune, chez Maxime Vincent, le neveu de Vincent. En GAEC et associé indépendant, l’élevage est à la fois laitier et allaitant. Montbéliardes et Aubrac se mêlent ainsi dans un immense bâtiment qui n’a pas manqué de susciter la curiosité et l’intérêt des visiteurs. Également transporteur, Maxime Vincent était un de ceux venus charger le foin à Mane en octobre dernier. C’est lui qui avait initialement proposé de faire visiter son exploitation aux agriculteurs de l’ACVA. C’est désormais chose faite… À la plus grande satisfaction des visiteurs de l’ACVA qui ont fait durer le plaisir. Prévue au départ à 23h, l’arrivée à Mane s’est faite sur les coups d’une heure du matin. Une longue journée qui a enchanté ses participants, renforcé les liens entre eux et donné envie à beaucoup de recommencer.
Maxime Vincent risque donc d’être mis de nouveau à contribution dans un futur proche. Mais le transport reste toujours le principal poste de charge dans ces opérations de solidarité. Les 3.600 € qu’avaient coûté les livraisons d’octobre avaient été subventionnés à hauteur des 2/3 par le Conseil Général et le Comité de Développement lozériens. Le restant revenait à la charge des bénéficiaires, soit 30 €/T de foin. « Ce qui a coûté cher, c’est que les camions faisaient l’aller à vide », précise Charline Bouchet, conseillère Chambre d’Agriculture du canton de Salies. « Si on veut réitérer l’opération, il faudra trouver des transporteurs de Lozère livrant sur notre secteur et qui acceptent de charger du foin au retour. »
Si nos lecteurs ont des contacts, qu’ils n’hésitent pas à nous en informer. Un bienfait n’est jamais perdu…