Publié le 7 décembre 2011
Depuis deux ans, plus de 70 experts travaillent sur une étude intitulée « Pastoralisme, agriculture et territoires de montagne : vers une stratégie pyrénéenne partagée pour l’après-2013 ». Pilotée par l’Association des Chambres d’Agriculture des Pyrénées (ACAP), ce travail s’est axé autour de 3 principales thématiques : la gestion collective des estives, le renforcement de la valorisation des productions et enfin, les questions de gouvernance et d’innovation dans les projets et les politiques publiques conduites dans le massif pyrénéen.
Mobilisation générale de tous les acteurs
Le moins qu’on puisse dire, c’est que ces travaux auront mobilisé la majeure partie des forces vives du territoire, qu’elles soient professionnelles, politiques, administratives ou de la société civile, réparties en 2 comités. Le comité de pilotage regroupait les services de l’État des trois régions et des six départements du massif, des Conseils Généraux et Régionaux, des Chambres d’agriculture, de l’ANEM (Association Nationale des Élus de Montagne) et bien d’autres. Le comité technique et scientifique était lui composé des cellules pastorales départementales, des Chambres d’agriculture, des Instituts techniques et de recherche (INRA, UTM), des services de l’État et du Réseau Pyrénées. Tous deux ont réalisé un travail approfondi sur 10 territoires représentatifs des divers enjeux présents dans le massif. Lancé en juillet 2009, ce travail a été présenté une 1ère fois, en juin dernier, à Luchon, lors du séminaire organisé pour cette occasion. 250 personnes réunies lors d’un débat et 214 participants aux réunions territoriales, avaient échangé en direct sur les orientations que les pyrénéens souhaitent donner à leurs activités et à leurs territoires de montagne (voir TUP n° 1385 du 22 juillet).
Fin de l’étude, début des actions
Le 16 novembre dernier, Jean-Michel Anxolabehere Président de l’ACAP et Henri-Michel Comet, préfet de région Midi-Pyrénées et préfet coordonnateur du massif des Pyrénées, conviaient les acteurs de l’économie montagnarde et les participants aux travaux à une journée de restitution de cette étude. Cette étape marquait la fin du travail d’étude et l’ouverture d’une nouvelle série d’actions : le lancement du travail d’appropriation des pistes de réflexions pour les structures qui souhaitent s’en saisir. Dans la salle de conférence de l’INRA, comble ce jour-là, les présents ont d’abord assisté à la projection d’un film sur l’agropastoralisme et ses enjeux de maintien des activités agricoles, à travers les questions de viabilité et vivabilité des élevages, de valorisation des produits et de gestion concertée des territoires. S’en est suivi la restitution de l’étude proprement dite, ce qui a permis de repréciser les cadres stratégiques initiaux à partir des exemples concrets des territoires analysés. Mais le temps fort était sans aucun doute les échanges qui concluaient la journée. Les débats entre les participants et la tribune – avec notamment la présence de Véronique Solère, représentante du ministre de l’agriculture – ont permis à tous de s’exprimer. Il en ressortait que l’enjeu fondamental est bien le partage, par tous, d’une stratégie agricole pyrénéenne, afin de valoriser au mieux les productions locales permettant le maintien d’une vie économique viable dans les massifs. La possibilité pour les professionnels de contribuer au devenir de leur territoire est une opportunité capitale qu’il leur faudra saisir. Jean-Louis Cazaubon, Président de la Chambre Régionale Midi-Pyrénées, a tenu à souligner la volonté des acteurs du massif à poursuivre ce travail de réflexion et de réalisation. S’adressant à l’État, il a mis en avant la force des pyrénéens à travailler et à avancer ensemble. Un atout reconnu par Henri-Michel Comet, qui a renouvelé l’engagement de l’État pour cette démarche, en réaffirmant son importance pour ceux et celles qui travaillent par et pour ce massif.
Les pistes pour aborder la réforme PAC
Avec la réforme de 2013 en ligne de mire, il est urgent d’intégrer au mieux les Pyrénées dans la mise en œuvre des politiques publiques de la période 2014/2020. C’est pour cela qu’il faut rapidement identifier la forme d’une gouvernance politique « agricole » sur le massif des Pyrénées. Seule cette entité sera capable d’orienter et de donner une traduction financière aux nombreuses pistes évoquées dans ce travail.
Plusieurs pistes ont en outre été évoquées. Sur le volet financier, par exemple, des moyens sont disponibles, à condition d’aller les chercher. Il faudrait ainsi jouer la complémentarité avec les fonds européens, comme cela a déjà été fait par d’autres territoires européens. Des outils spécifiques sont également à mettre en place (plate-forme, ateliers de découpe…), sur des filières courte ou longues qu’il faut davantage structurer. Il a aussi été longuement question de la gestion collective des estives, pratique spécifique au massif pyrénéen qui mérite d’être analysée en profondeur. La problématique de la consommation foncière et l’installation figuraient évidemment au menu des actions à entreprendre. « Il faut faire reconnaître la réalité des exploitations et leurs réels apports en matière de biodiversité », insistait enfin Jean-Louis Cazaubon. « C’est une des portes d’entrée majeures des politiques européennes et nationales. »
Certes, il ne faut pas perdre de temps, mais ce travail de fonds réalisé par l’ensemble des acteurs d’un même territoire est déjà une révolution en soi. Car l’identité pyrénéenne fait désormais écho à Paris comme à Bruxelles. Au point de susciter l’intérêt des autres massifs qui commencent à se pencher sur cette méthodologie. Les Pyrénées se prennent en main, donnent de la voix et ont indéniablement un temps d’avance. De quoi encourager ses habitants à poursuivre dans cette voie.
Toutes les productions de cette étude seront disponibles ICI. Vous pouvez obtenir un complément d’information auprès de l’Association des Chambres d’Agriculture des Pyrénées ou de la DRAAF Midi-Pyrénées