Publié le 20 mai 2010
« L’agroalimentaire est le seul secteur capable d’irriguer les territoires en terme économique ! » Alain Chatillon, Président d’AgriMip, mettait toute sa conviction dans son intervention devant la presse, à l’occasion de l’Assemblée Générale du 6 mai dernier. « Mais nous avons besoin des médias et de leurs relais pour freiner la désindustrialisation qui nous menace. Arrêtons d’être sur la défensive et redevenons conquérants. » Sévère dans son jugement sur les freins administratifs à l’innovation et au développement de l’entreprise en France, parmi les plus contraignants au monde, Alain Chatillon n’en a pas moins réservé quelques cartouches pour la gestion de l’Europe. « Comment voulez-vous harmoniser les différences de coûts de production mondiaux si on met pas un minimum de barrières européennes ? Quand l’Europe va-t-elle enfin se décider à se protéger et à se défendre comme le font les autres ? Si elle n’est pas capable d’avoir une politique commune digne de ce nom, nos industries, aussi innovantes soient-elles, sont mortes ! »
Dynamisme confirmé
Cette charge venait en contrepoint d’un constat pourtant positif de l’action d’AgriMip, fort d’un bilan 2009 encourageant. Depuis sa labellisation en 2007, 2 ans après les autres pôles de compétitivité agro, AgriMip Innovation a su rattraper son retard et fédérer 156 adhérents (113 entreprises, 16 acteurs de la recherche et 27 institutions). Le pôle compte à son actif 139 projets labellisés, pour un montant total de 246 millions d’euros. Environ 40 projets sont par ailleurs déjà financés et bien avancés. Et pour 2010, AgriMip compte bien labelliser autant de nouveaux projets que l’an passé. Mais ne nous trompons pas, AgriMip n’est pas un organisme de financement. Son Directeur, Patrice Roché, le rappelait : « nous sommes là pour développer la culture de l’innovation et faire émerger les projets innovants. La compétitivité de nos entreprises passe obligatoirement par là. La réalisation de ces projets leur donnera un avantage concurrentiel et de la valeur ajoutée. Nous aidons ces entreprises à les faire aboutir. »
Chez Hervé Ossard, chargé de mission à l’INRA et vice-président délégué d’AgriMip, l’enthousiasme, après 2 années de fonctionnement, est réel. « C’est la 1ère fois que nous avons un lieu où agriculteurs, chercheurs et industriels peuvent se parler et travailler ensemble. Pour un chercheur comme moi, voir un projet naître et aller au bout de son application est un vrai bonheur ! Sans compter le nombre d’idées qui jaillissent de ce travail en commun. C’est une source constante d’inspiration. »
« L’innovation booste l’agriculture »
Pour preuve du potentiel de l’innovation dans l’avenir de l’agriculture, l’Assemblée Générale se terminait par la présentation de 4 projets innovants, soutenus par AgriMip, sur le thème « L’innovation booste l’agriculture ». Y figuraient l’utilisation du chanvre pour l’éco-construction, la valorisation du tournesol par Oléosol, les biofertilisants durables issus du projet Neofertil et la conservation innovante de fruits par Pouch’Pack. S’en est suivie une conférence-débat avec la participation de nombreux acteurs de la filière (agriculteurs, chercheurs, industriels, …) et comme grand témoin, l’économiste Daniel Cohen, professeur à l’École Normal Supérieure, membre du Conseil d’Analyse Économique auprès du Premier ministre et conseiller scientifique à l’OCDE.
Daniel Segonds, Directeur de RAGT et vice-président délégué d’AgriMip, enfonçait le clou : « La France dispose d’avantages concurrentiels que beaucoup de pays nous envient : des bonnes terres, de l’eau en abondance, un nombre d’entreprises du secteur agricole, agroalimentaire et agro-ressource important. Sachons en tirer parti, notamment pour la gestion de l’eau, totalement sous-exploitée. Et, de grâce, ne coupez pas les ailes à nos entreprises par une administration pesante et une frilosité d’un autre temps. »
Des clubs pour aller plus loin
AgriMip Innovation a souhaité mettre ses adhérents dans une démarche proactive d’émergence de projets en créant des « Clubs Innovation ». Formés par des adhérents d’AgriMip Innovation, issus d’entreprises ou de laboratoires de recherche publique, l’objectif de ces clubs est de dégager des axes de compétitivité prometteurs dans un thème donné. Les réflexions se développent par la synergie des compétences et des expériences des participants, alimentées par des interventions ponctuelles d’acteurs économiques, institutionnels ou de la recherche. Lorsque les opportunités sont identifiées, des groupes projets sont alors mis en place et ceux-ci mobilisent les adhérents disposant des ressources nécessaires, ou proposent l’entrée d’autres acteurs qui rejoindront la dynamique d’un projet et plus largement, du Pôle AgriMip Innovation.
4 clubs ont vu le jour depuis décembre 2008 :
• Le club « Nouvelles Technologies », qui axe ses réflexions sur le thème de l’instrumentation (systèmes de mesure) et de la robotisation.
• Le club « Intrants », visant à travailler sur les produits alternatifs et semences permettant de mettre en place une agriculture à bas-intrants chimiques.
• Le club « Éco-Produits » qui s’intéresse aux valorisations non-alimentaires des productions végétales.
• Le club « Terre des Étoiles » (créé en novembre 2009), en partenariat avec le Pôle Aerospace Valley.