Quentin Lambert – Terres Inovia
Après un mois de décembre relativement doux qui a permis aux colzas de poursuivre leur croissance, les conditions se sont de nouveau rafraîchies depuis début janvier avec des gelées peu intenses mais régulières. De ce fait, nous sommes dans une situation atypique avec un retard tant dans la reprise de végétation/montaison que dans le vol de charançon de la tige du colza.
Le charançon de la tige du colza occasionne des éclatements de tige très pénalisants pour la culture et nécessite une attention particulière dans le suivi de son arrivée dans les parcelles. En perturbant le flux de sève, les pontes sensibilisent les plantes aux stress ultérieurs et limitent leurs capacités de compensation. Un stress hydrique ou une attaque d’un autre ravageur au printemps sur un colza affaibli préalablement par le charançon de la tige sont ainsi plus dommageables. Le positionnement de l’intervention insecticide est déterminant pour garantir l’efficacité de la protection.
Evaluer le risque et surveiller la présence du ravageur à la parcelle : une double démarche
Pour ce ravageur, plusieurs outils complémentaires sont à la disposition des producteurs.
– La cuvette jaune (piège à insectes) à positionner au-dessus de la végétation permet d’être alerté de l’arrivée des insectes : charançon de la tige du chou et du colza, puis des méligèthes. Attention à ne pas le confondre avec les charançons de la tige du choux (extrémité des pates rousse) non nuisible pour le colza.
– L’analyse de risque en réseau est cependant à privilégier par rapport à une simple observation en parcelle isolée. Le raisonnement tactique repose sur les relevés rapportés par les réseaux de cuvettes jaunes (Bulletin de Santé du Végétal ou autres) et un bon examen du stade du colza. – Un outil supplémentaire et complémentaire est désormais à la disposition des producteurs : il s’agit d’un modèle de prévision des vols (voir encadré). Cet outil digital simple, en accès libre sur www.terresinovia.fr, évalue le risque et aidera les producteurs de colza à prendre les bonnes décisions afin de protéger le plus efficacement possible cette culture tout en évitant les traitements inutiles.
Le positionnement de l’intervention est déterminant pour garantir l’efficacité de la protection
Dans tous les cas, pas de précipitation pour intervenir lors des premiers piégeages, les femelles ne sont pas aptes à pondre à leur arrivée dans les parcelles. Il faut compter entre 7 et 10 jours avant les premières pontes. L’objectif est d’intervenir lorsqu’un maximum d’insectes sont dans la parcelle et avant qu’ils ne débutent la phase active de ponte : idéalement au pic de vol régional (consulter le Bulletin de Santé du Végétal pour connaitre la date du pic de vol à l’échelle du territoire). Inutile donc d’intervenir dès les premières captures en cuvette, il vaut mieux patienter quelques jours.
Les premières captures ont eu lieu autour du 11-12 février et vont s’intensifier dans les jours prochains
Renseignez-vous sur la situation des parcelles alentours et suivez l’évolution des captures du réseau de surveillance via le Bulletin de Santé du Végétal (BSV).
Extrait du Bulletin de santé du végétal du 16/02/2022 Aquitaine – Ouest Occitanie :
« Cette semaine marque le début du vol de grosse altise. Les observations réalisées jusqu’au mardi 14 février, n’indiquent pas encore un vol généralisé. Par ailleurs, le colza enclenche sa montaison.
Les températures des prochains jours devraient à la fois favoriser un vol généralisé de l’insecte vers les parcelles de colza en cours de montaison, c’est-à-dire en pleine phase de risque.
Le risque est atteint 8-10 jours après l’arrivée des insectes sur la parcelle. Le risque est donc encore faible à ce jour, et attendu en évolution dans les jours à venir.
Une vigilance accrue est essentielle sur l’ensemble du territoire depuis le début de la semaine, avec le suivi des captures en cuvette jaune. »
Vérifier que la cuvette est correctement positionnée et poursuivre le suivi sur la parcelle.
Les solutions insecticides efficaces
-Les références DECIS PROTECH 0.33 l/ha et KARATE ZEON 0.075 l/ha sont efficaces pour réduire les dégâts du charançon de la tige du colza (réduction du nombre de tiges déformées et/ou éclatées).
-TREBON 30 EC est comparable aux références. BORAVI WG, SHERPA 100 EW et CYTHRINE MAX sont un peu en retrait.
-MAVRIK SMART est inférieur aux références
NOUVEAU : Un OAD de prédiction de vol du charançon de la tige.
Cet outil, très simple d’utilisation repose sur un modèle développé à partir de données issues des captures relevées sur le territoire depuis 2011 par les observateurs BSV couplé à un réseau de stations météorologiques couvrant les différents bassins de production.
Cet outil a été conçu et développé par Terres Inovia dans le cadre de l’action Cap Protéines.
Le modèle fournit :
– Une approche globale avec une carte de risque (voir ci-de la carte au 14février),
– Une approche plus locale avec une courbe de risque de piégeage sur la commune renseignée. Lorsque la courbe se rapproche du seuil d’alerte (ligne en pointillés), vous devez vérifier régulièrement les captures dans votre cuvette.
Attention : Les informations prédites par les outils ne tiennent pas compte des spécificités de chaque parcelle et ne dispensent pas de la surveillance au champ (cuvettes jaunes pour le cas des principaux ravageurs du colza).
Résultats issus de l’outil « Prédiction de vol du Charançon de la tige du colza » au 17 Février à Baziège (31)
en accès libre sur www.terresinovia.fr
Issu des travaux de modélisation de Terres Inovia, cet outil de prédiction a été développé dans le cadre du programme Cap Protéines. www.terresinovia.fr
