Publié le 3 avril 2020
La société auvergnate Sabi Agri développe depuis 2016 un tracteur électrique. Objectif visé : répondre à des problématiques environnementales et sociales. Si on ne connait pas le nombre d’exemplaires commercialisés à ce jour, le constructeur a néanmoins confirmé qu’un seul exemplaire a été vendu en Haute-Garonne. Rencontre avec Florent Barrière (SCEA de Bellegarde), maraîcher à Saiguède.
Florent Barrière s’est installé en 2015. L’affaire est familiale : il constitue en effet la troisième génération. « Mes grands-parents sont descendus de Normandie en 1968 avec des vaches laitières. Un de leurs fils a repris, avec ma mère, l’exploitation en céréales. J’ai démarré en 2013 comme aide-familial. J’ai repris les rênes de l’entreprise en 2015 », raconte-t-il volontiers. Seulement, au regard des cours des céréales, il a décidé de se diversifier. « En juin 2016, je me suis tourné vers le maraîchage. Nous produisons aujourd’hui, sur 13 hectares, 65 variétés de légumes. Ça tourne sur toute l’année », poursuit-il. Des produits qui sont commercialisés en vente directe. « Nous avons un magasin à la ferme. Les clients peuvent également venir les cueillir », indique-t-il aussi.
Le respect de l’environnement
Le succès est au rendez-vous : certains parcourent plusieurs dizaines de kilomètres pour s’approvisionner en légumes de saison. « Les gens aiment les sortir de terre et apprécient leur fraicheur », relate encore Florent Barrière. Début février, il a même du fermer boutique, faute de volumes suffisants. Ce qui plait, ce sont aussi les pratiques culturales de l’exploitant. Il faut dire qu’il veille particulièrement au respect de l’environnement.
L’exploitant a en effet opté pour de l’agriculture raisonnée. « Bien que nous n’ayons aucun label, nous n’employons aucun pesticide. Nous utilisons par exemple une décoction de fougère aigle comme répulsif, une décoction d’ail contre les maladies, etc. », énumère-t-il encore. Le maraicher fait aussi attention à ne pas détruire la vie microbienne des sols lors du travail dans les champs.
Un coût de fonctionnement faible
Le respect de l’environnement passe également par le choix de l’agroéquipement. Depuis un peu plus d’un an, Florent Barrière s’est ainsi équipé d’un tracteur électrique. « On a d’abord regardé les modèles des grands fabricants, mais ils étaient hors de prix. Ils ne correspondaient par ailleurs pas à l’handicap de ma femme (atteinte de troubles musculaires NDLR). En faisant des recherches sur Internet, nous avons découvert l’existence du tracteur Alpo. Nous nous sommes ensuite rendus au Sival, en janvier 2019, à Angers, afin de le tester », raconte-t-il.
Il arrivera ainsi sur l’exploitation un mois plus tard. Montant de l’investissement : environ 30 000 euros HT. « Au début, quand on me l’a présenté, j’ai un peu rigolé. Mais j’ai été très surpris de ses performances », avoue Florent Barrière. Le modèle qu’il a fait construire sur-mesure pèse environ 800 kg, contre 3,5 T pour un tracteur thermique classique. Un poids qui réduit de fait le problème des tassements de sols. « J’apprécie aussi la souplesse et la manipulation du véhicule. Il répond de suite. Il est équipé de 2 roues motrices et de 2 roues directrices. Au niveau de la capacité de relevage, il faut compter entre 250 et 350 kg à l’avant, de 450 à 700 kg à l’arrière. Et puis, il ne fait pas de bruit, il n’y a pas de pollution non plus », énumère l’exploitant. L’autonomie du modèle est également largement approuvée. « Le tracteur se recharge avec une prise spéciale (fournie NDLR) 380 V. Notre Alpo est utilisé pour le binage (8h d’autonomie), la plantation de légumes (10h) et en tant que cultivateur (6h). En 1h30, la batterie est rechargée. C’est le temps qu’il nous faut pour manger, c’est top. On a aussi constaté une grosse économie en carburant. Avant, on faisait 3 pleins par an pour les tracteurs thermiques, contre 2 actuellement. La recharge électrique nous coûte 1 euro, et le tracteur est rechargé tous les 15 jours », commente-t-il encore.
Vers l’acquisition d’un deuxième exemplaire ?
Une prise supplémentaire de 220 V peut être ajoutée sur le modèle, afin d’utiliser des outils électriques. « Je m’en suis déjà servi pour la meule, recharger les batteries de ma perceuse ou de mon téléphone portable », relate encore l’exploitant.
D’ici 3 à 4 ans, Florent Barrière pourrait en tout cas décider d’acheter un second exemplaire. Il faut dire que ce tracteur est aujourd’hui celui qui est le plus utilisé sur l’exploitation. « On en est très contents », souligne-t-on. Même s’il avoue qu’il ne fait pas tout. Cela dépendra en réalité de l’évolution de l’exploitation. L’agriculteur pourrait également aller plus loin, en décidant de créer sa propre électricité.
Aurélien Tournier