Publié le 3 février 2020
Redonner une place de choix au tournesol dans les exploitations est un enjeu majeur dans notre région pour redonner de la compétitivité aux rotations de grandes cultures. Alors que la sole en cultures d’hiver s’annonce à la baisse pour la récolte 2020 (sécheresse puis une longue période de pluie automnale), le tournesol est une culture d’été envisageable : le point sur les atouts économiques de cette espèce robuste.
Une culture économe avec des charges maîtrisées
Comprises le plus souvent entre 250 et 350 €/ha, contre 400 à 500€/ha en maïs (conduite pluviale en conventionnel, source : Cerfrance), les charges opérationnelles du tournesol (engrais, phytos et semences) sont relativement limitées. De plus, ces charges opérationnelles sont facilement maîtrisables car le poste fertilisation minérale, celui qui subit la plus grande volatilité interannuelle est très réduit. La quantité d’azote apportée se limite en effet à 60 unités en moyenne (de 0 à plus de 80 unités selon les situations); c’est donc un facteur de stabilité des marges et indirectement du revenu agricole.On soulignera par ailleurs, que grâce à son cycle court (4 à 5 mois), le tournesol mobilise la trésorerie sur une durée limitée.
Calculez votre marge pour vérifier !
Les charges opérationnelles sont un indicateur très simple qui vous permet d’évaluer la rentabilité de vos cultures. Elles vous permettent non seulement d’estimer à partir de quel prix de vente vos dépenses sont couvertes, mais surtout de calculer la marge brute. À l’échelle de votre exploitation le calcul des marges, à l’année et, mieux, à la rotation, est indispensable pour améliorer les résultats économiques et techniques de votre ferme.
Un investissement modéré pour une rentabilité à la clé
Le tournesol, trop souvent implanté sur les sols superficiels. S’il permet une valorisation de ces petites terres même en conduite sèche, le tournesol exprimera davantage son potentiel dans des sols profonds. Avec des performances pouvant dépasser régulièrement les 30q/ha, en sol profond un tournesol oléique pourra alors rivaliser économiquement avec un maïs en sec à 85q/ha ou un soja en sec à 35q/ha.
Bien sûr, ces performances ne pourront être atteintes qu’à la condition d’être rigoureux techniquement sur quelques étapes clés, comme toute culture !
Parmi les cultures d’été, le tournesol est une culture qui valorise toutes les profondeurs de sol.
Charges opérationnelles : miser sur une base de 300€/ha. Les charges opérationnelles du tournesol sont en moyenne de 300 €/ha, ce qui permet de consacrer en moyenne 100€ à chacun des postes suivants (le principe des 3 fois 100 !) : semences, désherbage et fertilisation !Cette enveloppe de 300€ suffit pour choisir une variété performante adaptée au contexte sanitaire de sa parcelle(oléique ou linoléique, VTH ou classique…), un désherbage efficace et une fertilisation complète : 50N-50P-50K et un apport de bore !
À côté des autres cultures de printemps le tournesol affiche sa rentabilité
Le tableau suivant présente des rendement indicatifs équivalents en tournesol, soja, maïs et sorgho en conduite pluviale (« sec ») pour atteindre différents niveaux de marges (rendements iso-marges). Parmi les cultures d’été, le tournesol s’adapte tout particulièrement bien aux sols intermédiaires et superficiels. A 16 q/ha, un tournesol oléique amènera une marge brute d’environ 300€/ha, quand un maïs devra faire 52q/ha et un soja 18q/ha pour apporter la même rentabilité. Le tournesol trouve aussi sa place dans les sols profonds où le soja et le maïs sont aussi bien adaptés.
Oléique ou linoléique : le point sur la prime oléique
Le tournesol linoléique et le tournesol oléique offrent des débouchés complémentaires avec des intérêts spécifiques pour les transformateurs. La prime oléique a été très variable au cours des cinq dernières campagnes (de +3 à + 106 €/t) et dans tous les cas positive (+45 €/t en moyenne), traduisant une demande soutenue, tant nationale qu’internationale. Pour l’année en cours (dernière cotation au 26/11/2019), elle s’élève en moyenne à +70 €/t (Source : Terres Univia).
Un progrès variétal bien réel
Le tournesol, une culture robuste qui s’adapte aux aléas climatiques grâce au progrès variétal. En dépit d’une météo estivale en tendance de plus en plus sèche (-30mm tous les 10 ans sur juin-juillet à Auch-32 et En Crambade -31) et d’un positionnement moins fréquent que par le passé en sol profond(progression du maïs en sec et du soja sur ces sols à meilleur potentiel),on constate cependant une faible variabilité interannuelle des rendements tournesol depuis 2006dans le bassin Sud (source Terres Inovia et Agreste). Cette stabilité des rendements illustre la robustesse agronomique de cette espèce et le progrès génétique dont elle bénéficie, un gage de robustesse économique.
Le tournesol bénéficie en effet d’une recherche variétale dynamique qui s’adapte aux contraintes de la production et de la transformation.Ainsi le progrès variétal s’exprime au travers l’évolution du comportement des variétés aux maladies (ex : tolérance au verticillium, mildiou…), du rendement et de la teneur en huile.
Claire Martin-Monjaret – Terres Inovia