Publié le 24 mai 2019
Le sorgho est une céréale qui a le vent en poupe ! Et tous les experts et acteurs de la filière réunis mercredi 15 mai à Toulouse en ont bien conscience. Sophia Alami, agronome et chercheur en innovation et bio-économie durable au Cirad, les accompagne dans un travail collaboratif pour leur permettre de saisir les opportunités offertes par le sorgho en tant que culture prometteuse. Explications.
Avec de nombreux partenaires, le Cirad organisait le 15 mai une journée dédiée aux nouveaux débouchés possibles pour le sorgho. C’est une initiative inédite pour le Cirad ?
« En effet, le Cirad est une institution de recherche qui travaille plus spécialement avec les pays du Sud. Aujourd’hui, en tant qu’acteur du développement économique de la région Occitanie, elle a souhaité mettre à profit ses connaissances issues de sa collaboration avec les pays africains.
La posture est inédite, pour l’institution comme pour moi en tant que chercheur en innovation. Notre implication depuis 4 ans, à travers l’initiative Valosorgho, vise à mettre en corrélation des savoirs académiques
et opérationnels.
La plante reste-t-elle encore méconnue ?
En Afrique, le sorgho est consommé depuis des millénaires. Il possède un vrai intérêt pour l’alimentation humaine. A nous d’adapter le produit au goût des consommateurs français et européens. Il s’agit aussi d’éduquer le palais du consommateur à ce goût et cette texture différents. En Afrique, les usages sont tant alimentaires que non-alimentaires. Un travail interdisciplinaire et des approches participatives entre les différents acteurs de la filière doivent nous aider à trouver des débouchés qui créeront de la valeur. D’autant plus que le sorgho relève le défi de la durabilité : cette plante participe à la fois à la préservation des sols, la biodiversité et à l’économie d’eau. Cette durabilité ne sera effective qu’à condition de développer des procédés de transformation de la biomasse respectueux de l’environnement. Dans le contexte actuel du réchauffement climatique et de la raréfaction de la ressource eau, elle est dans l’air du temps !
La journée du 15 mai a réuni 80 personnes. C’est un vrai succès…
Oui, une telle participation montre l’engouement des acteurs, depuis l’amont jusqu’à l’aval. L’objectif était de créer une dynamique collaborative pour de futurs projets pour faire émerger des chaînes de valeur innovantes et durables. La première étape consiste en une co-construction d’un diagnostic de la situation actuelle en termes de connaissances disponibles, besoins des filières, enjeux, opportunités de développement futur, etc. L’idée est que les acteurs de la filière saisissent les opportunités offertes par le sorgho en tant que culture prometteuse du fait de son potentiel bioéconomique associé à sa valeur agro-écologique. Cette céréale peut être source de valeur environnementale, sociale et économique. Pour cela, notre rôle est de créer les synergies nécessaires entre les acteurs pour lever les verrous qui subsistent.
Quels sont ces verrous ?
L’amont et l’aval de la filière dépendent étroitement l’un de l’autre. L’idée est donc de les faire avancer ensemble. Pour cela, il convient de mobiliser les appuis et moyens financiers nécessaires. Développer des chaînes de valeur territorialisées pour une meilleure efficience et pour répondre aux besoins des consommateurs de produits locaux est aussi important. Enfin, la filière doit tirer pro t de la diversité génétique du sorgho pour diversifier les productions et les débouchés industriels, qu’ils soient alimentaires ou non alimentaires.
Concrètement, quelles sont les pistes de travail déjà évoquées ?
Les participants ont formulé des demandes : capitaliser sur la variabilité des sorghos et la diversification des usages, et notamment pour l’alimentation humaine. Leur vœu est de définir quels sont les process en fonction des produits alimentaires tels que demandés par le marché. Le marché du bio et du sans gluten constituent notamment des pistes d’avenir.