Le maraîchage, tremplin vers un nouveau départ

Publié le 4 décembre 2018

À Gragnague, les Jardins du Girou accompagnent chaque année une trentaine de personnes éloignées de l’emploi à se reconstruire. Tandis que le maraîchage n’est que le support sur lequel les salariés bâtissent leur projet professionnel, la production assure aussi l’approvisionnement hebdomadaire de 280 familles en légumes bio.
Dans cette terre contiguë au Girou, difficile à travailler, épinards, topinambours, pommes de terre, carottes, laitue, fenouil et légumes d’été poussent sur 5 ha dont 2.000 m² de serres. En plein champ ou sous serre, tout est irrigué. Il suffit d’utiliser l’eau de pluie stockée et de compléter en puisant dans la rivière du Girou. Quatre ans après la mise en production, les légumes se plaisent, le nombre de paniers de légumes préparés ne cesse d’augmenter, deux serres multi chapelles supplémentaires sont en cours de construction et déjà 150 salariés ont croisé le chemin des Jardins du Girou.

Développement

L’histoire commence en 2012, quand Vinci contacte les Jardins du Volvestre et les Jardins du Comminges pour vendre deux hectares de terres. La surface, insuffisante pour faire aboutir le projet, donne pourtant l’envie à la commune de Gragnague de creuser l’idée. Celle-ci cherche alors des partenaires : un agriculteur accepte de vendre 5 ha ; la surface est achetée par l’association Terres de lien et mise à disposition du tout nouveau jardin d’insertion : les Jardins du Girou, dernier-né du réseau Cocagne Haute-Garonne. Le premier salarié est embauché en 2013 et les légumes commencent à être récoltés l’année suivante. Depuis, l’activité s’est développée et treize personnes sont salariées à ce jour. « Comme toute structure d’insertion, nous accueillons des personnes éloignées de l’emploi. Nous leur proposons un Contrat à durée déterminée d’insertion, conventionné avec Pôle emploi. Les candidats doivent répondre à certains critères de difficultés sociales (mobilité, santé, familiale, justice,…) », énonce Fabienne Rivière, encadrante technique. Leur contrat s’élève à 26h hebdomadaire. Ce volume horaire – inférieur à un temps complet – permet aux salariés de disposer d’une journée libérée pour effectuer des démarches administratives. Pendant leur temps de présence aux Jardins, chaque salarié effectue des travaux liés à l’activité des Jardins du Girou : production maraîchère, cueillette, préparation de commandes, livraison,… Le maraîchage n’est que le support du projet, qui pourrait tout aussi bien s’appuyer sur une autre activité pour développer des compétences analogues. De plus, il bénéficie d’un accompagnement socio-professionnel auprès d’un conseiller-emploi. Le salarié rencontre régulièrement son conseiller pour faire le point sur le projet professionnel en cours. Loin d’être limité à la seule structure d’insertion, il est poussé à suivre des stages dans d’autres entreprises. « Ces contrats sont des tremplins vers un retour à la vie active. Nous encourageons toutes les expériences qui permettent de se faire un réseau et de valider des compétences », précise Fabienne Rivière. La durée des contrats n’est pas fixe, entre un mois et deux ans maximum, selon les besoins de chacun. En 2017, 83 % des personnes qui sont passées par les Jardins du Girou en sont sorties avec un emploi ou une entrée en formation qualifiante. « C’est un dispositif efficace », analyse Charlotte Fourest, animatrice partenariats pour les trois Jardins Cocagne Haute-Garonne.

Cap sur les plantes médicinales
Cap sur les plantes médicinales Les Jardins du Girou participent au projet de coopération transfrontalière Spagyria*. Sept partenaires travaillent ensemble pour étendre la culture de plantes aromatiques et leur traitement en laboratoire ; ils recherchent aussi des procédés innovants par le biais de technologies totalement durables pour le développement de produits cosmétiques naturels. À Gragnague, la mise en culture et la production de plantes médicinales ont démarré, avec de l’échinacée, du thym vrai, de la sauge et de la mélisse. Les plantes récoltées seront ensuite séchées et envoyées à Saragosse pour l’université, un des partenaires du projet, pour en extraire les principes actifs. Ceux-ci reviendront à Toulouse, où un laboratoire préparera et testera les cosmétiques. Les premiers produits sont attendus pour 2020.

 

Auteur de l’article : Marie-Laure Chabalier